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Championne d’athlétisme à 14 ans

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athlétisme Ça aura mis des années pour qu’on lui sorte enfin cette petite phrase ! Et pourtant, elle le mérite, elle prend doucement sa place dans notre univers cinématographique. Née donc il y a une (petite) trentaine d’années, elle avoue qu’à dix ans elle avait déjà cette tête, qu’à douze elle était fermement décidée à devenir comédienne et qu’à quatorze elle fut championne d’athlétisme junior. La jeunesse de tout le monde avec, quand même, une pointe de rébellion et un tantinet de caractère. A cet âge on dit du toupet. Allez savoir pourquoi, car c’est bien du caractère qu’il s’agit, de celui qui l’a poussée à commencer par Bunuel sa carrière et à la poursuivre avec des rôles qui vous marquent. « Je suis une rebelle. J’aime braver les interdits, passer sous une échelle pour conjurer le sort. Je me sens pleine de contradictions, moi qui pourtant suis très racine et famille, je me sens souvent le besoin de partir, de disparaître ». Revenons aux premières années. L’école ? Tout le monde y passe. Plus ou moins bien. Elle, c’est chez les dominicaines qu’elle fait ses premiers pas pédagogiques, un truc style couvent des Oiseaux. « On nous apprenait qu’il y avait des choses qu’il ne fallait pas montrer : la souffrance par exemple, faut pas faire chier les autres avec, la dignité, aussi. Par réaction cela mène à des outrances, à force de ne pas dire les choses vous vous retrouvez avec des angoisses et des dépressions. La dignité n’est pas une qualité, j’aime voir les failles des gens ». Carole se dit donc au sortir de l’institution que devenir comédien demande sûrement un apprentissage. « Je voulais faire ça, mais je ne savais pas comment il fallait faire. Il m’a donc semblé plus facile, en attendant, de continuer mes études. Je suis partie faire de la philo en fac, mais ça ne me satisfaisait pas et l’idée d’être comédienne me trottait toujours dans la tête. Un soir, au cours d’un dîner, un copain me dit : « Mais présente-toi donc au Conservatoire ». Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! Et voilà un ange qui rentre dans l’auguste maison.

Puis, fallait bien commencer un jour. Elle choisit le cinéma, non pas comme on rentre en religion, mais par penchant naturel, en souvenir des cours séchés pour aller sur les grands boulevards se payer une toile « Je me souviens qu’il y avait un ciné sur les boulevards qui ouvrait à midi et même un autre aux Champs qui commençait à dix heures ! Je passais mes journées dans les salles obscures, à tel point qu’au bout d’un mois, l’école s’est inquiétée et a envoyé un mot à mes parents. Ma mère pensait que c’était une histoire rocambolesque, une histoire d’amour ».

athlétisme Oui, avec le cinoche. Le premier à lui avoir dit « Moteur », c’est le grand et défunt Bunuel. Elle se retrouve après des péripéties comme bonne espagnole sous le regard pervers de l’homme au désir obscur. Suit une pièce de théâtre plaquée avant les répétitions car une proposition l’appelle de l’autre côté de l’Atlantique. Elle part avec un jean et des baskets. Elle y reste un an. Le public, ici, l’oublie. Mais là-bas, un soir à l’ambassade de France, lors d’un pince-fesse, elle tape dans l’œil d’un réalisateur français fils de… et légèrement chauve. Bertrand Blier. Il prépare une sorte de polar noir, très noir, avec en vedettes son papa, Gérard Depardieu et Jean Carmet. Le titre « Buffet froid ». Froid comme l’image de Bouquet (Carole) à l’époque. Faut dire que, à cette soirée, la belle avait fait forte. « Dressed to kill » disent les Anglo-Saxons. Jugez vous-même : robe noire moulante et voilette.