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Les oiseaux

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Lorsqu’Hitchcock annonça son projet d’adapter – oh, très librement – la nouvelle de Daphné du Maunier, juste après le grand frisson de «Psychose», l’imagination du public et des journalistes alla bon train. On voyait déjà dès la première image des volatiles agressant sauvagement les humains. C’était mal connaître le vieux Hitch. Pourtant, à sa sortie, le film fut accueilli froidement. Les attaques d’oiseaux n’étant vraiment répétées que dans la seconde moitié du film, le début fut considéré comme… bavard. Aujourd’hui, les esprits sont calmés et «Les oiseaux» sont considérés comme un classique, une œuvre d’une grande rigueur.Les oiseaux Hitchcock était et est encore ! Un grand conteur. Il sait que l’attente est le moment le plus angoissant et que l’épouvante ne peut être vraiment ressentie que si le spectateur s’est attaché aux personnages de la fiction. Dès la première minute du film, les oiseaux sont présents sur l’écran, mais ils sont en cages dans un magasin d’animaux où un avocat rencontre une riche héritière, blonde et sophistiquée à souhait, comme il se doit dans un film d’Hitchcock. Hitchcock nous intéresse à ces deux personnages, nous entraîne insensiblement vers le lieu du drame, un village de pêcheurs en bord de mer, et fait surgir l’horreur. Progressivement : d’abord une mouette attaquant, puis des corbeaux, puis tout les oiseaux réunis. C’est l’impasse, la fin du monde, la fin du monde des hommes ! Ça devient encore plus effrayant que la découverte de la mère momifiée du tueur fou dans «Psychose» ! Et, comme d’habitude chez Hitchcock, les détails symboliques, les petites phrases lourdes de sens et la psychanalyse vont bon train. On devine le vieux Hitch, souriant de plaisir et animant son théâtre d’ombres… l’air de dire «Je vous ai bien eus». Un must de la vidéocassette.